La seconde main a son média : découvrez CMCM
"Aujourd’hui, nous sommes à un point de bascule d’une économie plutôt linéaire vers une économie plus circulaire."
- Maurane Nait Mazi
L’importance de l’économie circulaire et de la seconde main ne fait que croître, c’est pour cela qu’il est important pour tous les acteurs du marché de prendre en compte ces nouveaux modèles dans leur stratégie afin de garantir une pérennité de leur activité.
C’est pour en savoir plus sur ce sujet que nous avons interviewé Maurane Nait Mazi, co-fondatrice du média de la seconde main, CMCM, qui partage sa vision autour du moins et du mieux et notamment sur la seconde main comme solution au mieux.
CMCM, le nouveau média dédié à la seconde main et à l’économie circulaire
Animés par une envie de transmettre, de sensibiliser et de décrypter les sujets liés à l’économie circulaire et de la seconde main, Maurane et William Nait Mazi ont lancé, en janvier 2023, CMCM un nouveau média dédié à la seconde main.
Pour Maurane Nait Mazi, la seconde n’est pas une tendance, et ne peut être réduite à son prix – souvent plus attractifs que dans le neuf. C’est une économie qui fait peut neuve, un vrai mode de consommation aussi.
“L’objectif du média CMCM est de proposer une vision de ce sujet “à la mode”, de présenter par des portraits et articles, un éclairage sur le sujet, à différents types de public.”
Pour toucher un large public et lutter contre les idées reçues, CMCM décrypte à la fois les nouveaux modèles et les enjeux de cette économie, et fait des portraits de celles et ceux qui font la seconde main, pour inspirer et permettre aux lecteurs du média de s’identifier.
Très actif sur les réseaux sociaux, notamment sur Linkedin, CMCM est un média qui commence déjà à se faire une place dans le paysage de l’économie circulaire.
La seconde main, un secteur qui compte autant de pratiques que d’acteurs
“Derrière la seconde main que l’on achète, il existe un maillage d’acteurs, de toute taille, et une grande diversité de pratiques. Ce qui rassemble tous les professionnels de la seconde main, c’est seulement la promotion d’une typologie de produits"
Les raisons qui guident l’achat d’occasion en France sont nombreuses. Arrive en tête : le prix, qui permet au plus grand nombre de s’offrir un équivalent au neuf en seconde main. La seconde main est notamment pour eux un rempart à l’inflation.
Les enjeux sociaux et environnementaux poussent également une tranche de la population à adopter un mode de consommation plus vertueux grâce à la seconde main.
Consommer de la seconde main, est-ce consommer mieux ?
“Vinted, LeBonCoin et Vestiaire Collective sont des pionniers et des acteurs qui ont fortement contribué à massifier la seconde main. Selon moi, ils n’ont pas relevé le pari de nous faire consommer moins. Il n’y a pas de changement significatif de nos habitudes de consommation. Nous surconsommons la seconde main comme nous surconsommons le neuf aujourd’hui."
Attention au mécanisme inconscient qui peut fausser notre jugement : l’effet rebond. La consommation dite responsable peut avoir un effet contre-productif et nous conduire à surconsommer de la seconde main.
Dans un contexte de crise sociale et environnementale, pour Maurane Nait Mazi, la seconde main arrive sur le devant de la scène comme une réponse. C’est une réponse possible à l’inflation, permettant à certains de sauter le pas. Un souhait d’une consommation responsable propulse aussi l’achat d’occasion à un haut niveau.
Ce que Maurane soulève c’est que l’on ne présente que rarement le sujet comme un mode de consommation. À lui seul le sujet ne nous fera pas mieux consommer. C’est un changement structurel et une réduction de notre consommation que souhaite également porter le média : « la seconde main c’est bien, c’est mieux ! Le mieux devant être accompagné du moins. »
Si pour certains, la consommation de produits de seconde main à un vrai sens, pour d’autres personnes, il s’agit uniquement d’une possibilité de continuer à surconsommer à moindres coûts. Aujourd’hui, les différentes crises, ont poussé la seconde main sur le devant de la scène comme une réponse à l’inflation ce qui à permis de “massifier” son utilisation ce qui est positif puisque cela a permis à beaucoup de découvrir ce secteur, mais il est souvent oublié qu’il s’agit d’abord d’un mode de consommation. L’idée derrière la seconde main est plutôt de se concentrer sur la rareté des produits disponibles, mieux encore, sur l’impact positif que cet achat des produits d’occasion pour l’environnement.
Les marketplaces de seconde main incitent-elles à la surconsommation ?
Il y a différentes réalités derrière les marketplaces. De manière très schématique, il convient de distinguer deux familles de plateformes de revente : les plateformes entre particuliers (C2C) et les plateformes C2B2C avec une offre distribuée par des professionnels.
Pour ne parler que de la mode et des plateformes entre particuliers comme Vinted, ces dernières ouvrent la voie à une économie du “tous vendeurs”.
Cette revente était traditionnellement à destination des associations ou réservée aux professionnels, ou alors à aucun des deux cas car on n’achetait moins.
On revend de nombreux produits qui ne correspondent pas à un besoin, souvent à bas coût (moins de 10€).
Ces plateformes C2C facilitent la vente « de tout et rien », des babioles à portée de clic. La vente de produits de fast fashion est surreprésentée sur Vinted. On achète sur Vinted du Zara comme on l’achèterait en magasin.
Pour économiser où se donner bonne conscience, on projette de revendre ce produit jetable que l’on vient à peine d’acheter ce qui n’entraîne pas une boucle vertueuse.
Utilisées dans ce sens, les plateformes d’occasion entre particuliers encouragent au renouveau permanent. Elle nous invite, certes, à développer une expertise de vendeur (optimisation des heures de publications des posts, relation commerciale, relation client) mais combien de temps passe-t-on à acheter pour revendre ? Sans compter, les impacts notamment écologiques avec la pollution au dernier kilomètre de l’envoi de colis.
Selon Maurane, tant de raisons pour lesquelles la seconde main n’est pas un sujet léger qui doit être abordé sous l’angle de la tendance. C’est un vrai sujet conso, et un sujet de société.
Les marketplaces de seconde main face aux associations
Depuis l’explosion de l’utilisation des plateformes de vente de produits d’occasion entre particuliers, l’économie sociale et solidaire et notamment Emmaüs déplorent à la fois la baisse des dons et la qualité de produits donnés.
Aujourd’hui, “les dons sont les rebuts Vinted”, c’est-à-dire ce que l’on n’a pas réussi à vendre par soi-même, souvent des vêtements de fast fashion et d’ultra fast fashion. La structuration du marché de la seconde main appauvrit les structures de l’économie sociale et solidaire, les obligeant à trouver de nouvelles sources de produits comme des stocks d’invendus.
En effet, depuis l’entrée en vigueur de la loi AGEC, relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire, les associations se voient davantage offrir de produits neufs. La petite bonne nouvelle pour elles, cela leur permet de compenser la perte de revente de produits d’occasion.
Retailers, comment commercialiser des produits de seconde main ?
“Je ne conçois pas que l’on distingue la commercialisation des produits neufs de ceux de d’occasion avec des corners dédiés à la seconde main. C’est beaucoup plus intéressant de proposer des produits neufs et d’occasion les uns mis à côté des autres et de laisser le consommateur faire son choix”
En fonction des secteurs, certaines marques le font mieux que d’autres : par exemple dans le secteur du livre, l’occasion est mieux mise en avant que dans le prêt à porter, où les marques rencontrent des difficultés en terme de supply chain, peinent à trouver leur modèle d’affaire, à intégrer la somme des contraintes liées à la commercialisation des produits uniques. Ceci est également lié au fait que ces entreprises n’ont pas intégré de stratégie globale de circularité.
“Si les marques ont une vraie volonté de valoriser la seconde main il faut qu’elles présentent les produits d’occasion sur le même plan que les produits neufs.”
L’avenir de la seconde main
“Les produits vintage achetés aujourd'hui sont les produits bien conçus d’hier. Et demain ? Que restera-t-il sur un marché qui n'a plus rien de secondaire ? L'enjeu est de créer de bons produits afin qu'ils deviennent la belle seconde main de demain. Pour cela pensons durabilité !
Je pense que l'on a bien assez produit pour tenir les cinquante prochaines années. Il va falloir rivaliser d'ingéniosité pour transformer ces produits de qualités moindres. La suite je la souhaite stimulante de créativité et d'optimisation.
La seconde main est une économie d'opportunités, une économie de "bonnes occasions". C'est un terrain de questionnement de notre rapport à la consommation : "ai-je besoin ?" "pourquoi j'achète ?" puis "je vais chercher ce qui existe déjà".
Je suis certaine que la seconde main va s'ancrer durablement et dépasser en volume d'achats le neuf très prochainement. L'enjeu sera alors de munir la seconde main de bonnes pratiques.
Je suis heureuse de voir l'économie se structurer rapidement et que le média documente cette inévitable bascule du neuf à l'occasion.
En bonne juriste, je vois la nécessité d'encadrer les pratiques, à mon sens la seconde main n'échappera à la régulation, et surtout c'est à nous de faire démentir la "tendance seconde main".
- Maurane Nait Mazi
Merci à Maurane Nait Mazi pour cette interview très intéressante et enrichissante sur le sujet de la seconde main et de l’économie circulaire. Retrouvez ici CMCM, le nouveau média de la seconde main.
Pour en savoir plus sur les solutions existantes pour vous lancer dans la seconde main; vous pouvez prendre rendez-vous avec un de nos experts !